Le mois dernier, en Janvier 2016, la Tunisie a connu une semaine de protestations pendant laquelle les gens ont exprimé leur colère contre le chômage et la corruption dans le pays. La Tunisie est souvent citée comme un exemple d’un pays qui a sorti d’un “Printemps Arabe” relativement indemne, et des né gociateurs qui ont organisé la transition pacifique dans le pays ont été honorés d’un prix Nobel aboutissant aux éléctions démocratiques de 2014. Pourtant, de nombreux Tunisiens se sentent que l’élite politique ne traite pas les vrais problèmes qui affectent leur vie comme le taux important du chômage.
La semaine dernière, le gouvernement tunisien a décidé de lever le couvre-feu nocturne imposé le 22 janvier sur l’ensemble du territoire suite à une vague de contestation sociale inédite depuis la révolution de 2011, prenant ainsi acte du retour au calme dans le pays observé depuis une semaine.En Tunisie, chaque année, près de 100.000 nouveaux demandeurs d’emploi s’ajoutent à la liste des chômeurs qui ne cesse de grossir chaque jour et constituer une charge très lourde pour le gouvernement.
Levée du couvre-feu instauré en Tunisie durant la contestation sociale de janvier https://t.co/Qw0gyzaLf3 pic.twitter.com/gyFx08EcnV
— FRANCE 24 Français (@France24_fr) 4 Février 2016
Le gouvernement tunisien est encore loin d’avoir totalement démêlé la toile d’araignée tissée par Ben Ali et son clan pendant 23 ans à travers sociétés-écrans et biens immobiliers. Le pays aurait pourtant bien besoin de se renflouer. Cinq ans après la révolution, la transition démocratique s’est achevée mais l’économie n’est toujours pas relancée. Le taux de chômage notamment est supérieur à 15 % et dépasse même 30 % chez les jeunes diplômés.
« Vu l’amélioration de la situation sécuritaire, il a été décidé à partir de jeudi (…) de lever le couvre-feu sur tout le territoire tunisien », a indiqué le ministère de l’Intérieur dans un communiqué, jeudi 4 février. Le dispositif avait déjà été allégé le 25 janvier. À la mi-janvier, un mouvement de contestation parti de Kasserine (Nord-Ouest) avait secoué le pays durant plusieurs jours d’une façon inédite, à la fois par son ampleur et par sa durée depuis la révolution de 2011.
En Tunisie, les plaies à vif de Kasserine https://t.co/GXBxc3hNXT pic.twitter.com/DEHxjsGGDn
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La colère s’était propagée dans de nombreuses régions, les forces de l’ordre répondant dans certains cas à des jets de pierre avec du gaz lacrymogène. Dans la nuit du 21 au 22 janvier, des saccages de commerces avaient été enregistrés dans un quartier populaire de la banlieue de Tunis, Cité Ettadhamen.
Le 17 janvier dernier, la situation a dégénéré après la mort d’un diplômé chômeur, Ridha Yahiaoui, qui s’était vu refuser son inscription à un concours d’entrée dans la fonction publique. Désespéré, le jeune homme s’est hissé au sommet d’un poteau électrique, aux abords du gouvernorat. Prêt à se suicider par électrocution, il a lâché prise. La chute a été mortelle. La colère de Kasserine, berceau de la révolution tunisienne, s’est répandue dans tous le pays comme une traînée de poudre. Depuis, le calme est revenu. Le couvre-feu décrété par les autorités a été levé. Mais la révolte des chômeurs, qui entendent donner des suites pacifiques à leur mouvement, reste intacte. Au huitième jour de la grève de la faim, de nombreux jeûneurs ont été évacués vers l’hôpital régional. Ils sont encore treize, ici, à revendiquer un emploi public, menaçant de mettre fin à leurs jours. Chez ceux qui tiennent encore debout, le ton est rude, la rage déborde. (Source: Humanité.fr)
En Tunisie l’entrepreneuriat reste toujours un but difficile car il y a toujours la bureaucratie, la lenteur administrative et une grande quantité de documents à fournir, difficultés auxquelles les diplômés chômeurs doivent faire face au moment où ils déposent leurs demandes pour l’obtention d’un prêt. En plus, il y a un manque d’accompagnement technique et une absence de confiance dans le climat des affaires.
L’état d’urgence toujours en vigueur
La contestation sociale s’est par la suite essoufflée, même si des manifestations, le plus souvent pacifiques, se sont un temps poursuivies à Kasserine et à Sidi Bouzid, où le suicide par le feu du vendeur ambulant Mohamed Bouazizi avait donné le départ de la révolte contre le régime du président Ben Ali, à la fin de 2010.
Les autorités avaient déjà instauré un couvre-feu dans le Grand Tunis, le 24 novembre 2015, après un attentat-suicide contre la sécurité présidentielle en pleine capitale. Douze agents avaient été tués dans cette attaque revendiquée par l’organisation Etat islamique (EI). Depuis cette date, l’état d’urgence est en vigueur en Tunisie, frappée l’an dernier par deux autres attentats revendiqués par l’EI, l’un en mars au musée du Bardo, à Tunis, et l’autre en juin contre un hôtel de Sousse, dans l’Est (soixante morts, dont cinquante-neuf touristes).
La Tunisie a bien du mal à revendre les biens de l’ex-dictateur Ben Ali
« Depuis 2011, nous avons vendu pour à peu près 1,5 milliard de dinars (dont) à peu près 1 milliard (environ 450 millions d’euros) est rentré dans les caisses de l’Etat, parce que les autres 500 millions ont servi à payer les dettes », a annoncé ce mercredi le ministre des Finances Slim Chaker. Ces recettes ont été intégrées dans le budget public et permis à l’Etat d’emprunter moins d’argent, s’est félicité le ministre.
Une des principales difficultés, selon le ministre, est la nécessité que les biens aient des papiers en règle - ce qui n’est pas toujours le cas - et qu’il soit procédé à des expertises et des appels d’offres. « Il y avait beaucoup de voitures dont nous n’avions pas les clés, dont les cartes grises sont encore au nom des propriétaires », argue Slim Chaker.
#Tunisie > 200 kilomètres de sable et d'eau pour protéger la frontière avec la #Libye
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La Tunisie a décidé de renforcer sa frontière suite à l’attentat de Sousse perpétré en juin 2015 par un djihadiste qui avait suivi un entraînement spécial en Libye. Le terroriste, armé d’une kalachnikov qu’il avait cachée dans un parasol, a tué 38 touristes étrangers, dont 30 ressortissants du Royaume-Uni, et blessé une quarantaine d’autres avant d’être abattu par les forces de l’ordre. L’attentat avait été revendiqué par Daech.
Le risque de nouveaux attentats et de l’aggravation de la situation en Libye voisine ont achevé ce qui restait de l’espoir de relancer le tourisme à Tunis. Le recours à l’emprunt étranger, dans l’optique de relancer la machine économique ne semble pas avoir beaucoup d’effet sur le terrain. En plus, les Tunisiens voient en la dette le risque d’un effondrement économique inéluctable.
En Tunisie, la flambée des prix a manifestement miné la classe moyenne. Selon une récente étude, les prix de plusieurs produits ont augmenté cinq fois entre 2010 et 2015. Conséquence : les indigents et les sans-emploi sont de plus en plus nombreux dans les grandes villes comme dans les régions intérieures. La situation risque de s’aggraver à l’avenir.
Dans un contexte de crise, où la corruption prend de l’ampleur, et face au danger terroriste interne et externe, le gouvernement du Premier ministre, Habib Essid, semble perdu et dispose de peu de moyens pour contenir un nouveau mouvement de protestation populaire de l’ampleur de celui de janvier dernier.
Selon un rapport du Département de la Sécurité intérieure des Etats-Unis, la Tunisie est le pays qui fournit le plus de combattants étrangers au sein de Daesh (ISIS). Ils seraient 5 000. Des chiffres corroborés par l’Organisation des Nations Unies, voire revus à la hausse. L’ONU fait état de la présence de 4 000 Tunisiens en Syrie, de 1 000 à 1 500 en Libye et de Tunisiens combattant en Irak, au Mali et au Yémen qui seraient respectivement 200, 60 et 50.
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— ECOMNEWSMED (@ecomnewsmed) 29 Janvier 2016
Sources: Jeuneafrique.com, LeMonde.fr, LesEchos.fr, kapitalis.com, economistemaghrebin.com